« Bien-être au travail vs risques psychosociaux ? »
- Léïla Nadji
- 13 janv. 2018
- 3 min de lecture
Ce texte évoque une communication présentée dans le cadre du colloque IDEP organisé par le Lipha (Laboratoire Interdisciplinaire d'étude du Politique Hannah Arendt) les 18 et 19 décembre 2017 à l'Université Paris Créteil: "la place de la controverse dans les études du politique". Cette intervention était rattachée à l'axe 3: controverses et rationalités économiques.
Vous tapez dans un moteur de recherche « bien-être au travail » vous trouvez : 32 700 000 résultats[1], une valeur numérique qui donne le vertige. Il en est ainsi dans le monde connecté d’aujourd’hui, pour se faire une « idée » de l’ampleur d’un nouveau phénomène. Cette image ponctuelle témoigne d’un autre fait essentiel, on parle de moins en moins de souffrance au travail et de plus en plus en plus de bien-être au travail. Devons-nous nous réjouir, est-ce là le signe d’une pandémie sociale maitrisée ? Au- delà de cet incontestable engouement médiatique, que nous disent les faits tangibles dans la réalité ?

Lors de notre communication, nous explorons cette question du bien-être et son « apparition » dans le monde du travail. Notre observation se penche sur le travail de ceux qui se consacrent à améliorer la vie des autres, à prendre soin du mieux-être, ceux-là même dont le métier s’exprime dans une volonté de « faire du bien ». Faut-il craindre des dérives du bien-être au travail telles que celles observées dans un certain discours se voulant bien-traitant ? Les exemples développés confortent la possible similitude dans les rapports entre [bientraitance-maltraitance] et [bien-être au travail- souffrance au travail]. Ils tendent à atténuer les effets d'un engouement trop facile autour du bien-être au travail comme outil d'éradication des RPS. Ils visent à mettre en garde ou invitent à la prudence contre certains effets pervers qui masqueraient sans résoudre, une grande partie des problématiques en lien avec la survenue de troubles psychosociaux.
Références :
Nos travaux fondent et se basent sur un nouveau paradigme celui de l’obsolescence de l’homme au monde du travail à l’ère digitale. Ce concept est emprunté à Günther Anders dans ses deux ouvrages parus en Allemagne respectivement en 1956 (Tome 1) et 2002 (Tome 2) ; G. Anders, L’obsolescence de l’homme, Tome II, Sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle, Trad. de l’allemand par C. David, Fario, Paris, 2011.
V. Grosjean, « Le bien-être et la santé au travail - Position du problème » note scientifique, INRS Paris 2004
V. Grosjean, N. Robert, Développement d’un questionnaire orienté bien-être, note scientifique, N260, INRS Paris 2006.
Charles, Jean-Baptiste Bonnin, Doctrine Sociale, Aphorismes Universels des Lois et des Rapports des Peuples, Paris, chez Erasme Klefer, et chez les Libraires du Palais-Royal, 183. Le penseur progressiste fut considéré comme le père de l'administration moderne et cette doctrine sociale le place parmi les fondateurs de la sociologie.
M.Lallement, Le travail, une sociologie contemporaine, Gallimard-Folio, Paris, 2007
C.Dejours, Travail, usure mentale, Nouvelle édition, Bayard, Paris, 2008.
E. Sadin, La vie algorithmique, Critique de la raison numérique, L’Echappée, Paris, 2015.
Jacques Testart, L’humanitude au pouvoir, Seuil, Paris, 2015.
P.Svandra et al., Faut-il avoir peur de la bientraitance ? , De Boeck-Estem, Paris 2013
R. Ogien, L’éthique aujourd’hui, Gallimard- Folio- Essais, 2007
E. Levinas, Altérité et transcendance, Paris, Poche, 2006.
[1] Ce que l’on appelle « résultats » dans un moteur de recherche est le nombre de fois où l’expression ou le terme apparait dans des écrits (articles, images, citations etc…), dans le réseau.
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